mini-Lexique
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action de grâce
Un gros mot pour dire merci... L'action de grâce est une louange adressée à Dieu en remerciement d'une faveur obtenue. Parfois dans les psaumes elle est déjà présente en germe ou en promesse dans la supplication.

adoration
Un mot un peu piégé, qui fait peur, et sur lequel on se trompe souvent : c'est une attitude de prière habituelle des croyants depuis toujours, celle d'un homme face à une divinité qui le dépasse considérablement. Depuis le Décalogue et le commandement "tu adoreras le Seigneur et lui seulement", on y voit comme l'ombre d'une menace cachée, un sentiment de peur envers ce Dieu transcendant et tout puissant. Les chrétiens n'y ont jamais échappé jusqu'à maintenant, oubliant que la toute-puissance de Dieu n'est pas la manifestation d'un caprice (ce que ferait peut-être l'homme s'il l'était...) mais d'un amour débordant révélé en Jésus-Christ et que si Dieu est évidemment transcendant, il se veut face à nous le tout proche. L'adorer, ce n'est donc pas s'humilier, c'est rester "bouche-bée", stupéfait et bouleversé devant tant d'amour : dans le mot adorer, il y a la racine os, oris (la bouche) ; littéralement, adorer, c'est mettre un doigt sur la bouche pour se taire, et laisser l'Esprit Saint prier en nous sans obstacle... Adorer, ce n'est donc pas s'abaisser, c'est au contraire accepter que Dieu nous relève. Les psalmistes l'avaient compris, mais ils n'avaient pas peur de Dieu (la "crainte" de Dieu n'a rien à voir avec de la peur, voir ce mot) : ils n'hésitent pas à lui dire ce qu'ils ont sur le cœur, ce qui paradoxalement les ouvre à la grandeur d'un Dieu proche et les fait entrer en adoration.

alleluia
Un mot hébreu qui est formé de la contraction hallelu-Yah, littéralement "vive Dieu". Yah est l'abrégé du tétragramme YHVH, nom sacré de Dieu ; hallel évoque une acclamation de louange, on donne ce nom générique à plusieurs psaumes (113-118, 136). L'acclamation alléluia se retrouve dans le nombreux psaumes de louange ; la liturgie ne l'a jamais traduit pour lui garder sa résonnance spécifique.

âme
L'hébreu nephesh (754 fois dans le Premier Testament dont 144 dans les psaumes) évoque le souffle divin offert à l'homme pour l'animer et lui donner la vie. Il est localisé dans la poitrine, la gorge, le cou. Ainsi certains psaumes qui évoquent l'agression du malheur décrit "les eaux me montent à la gorge", ce qui est une manière de dire "le souffle me manque" sinon "la vie me quitte". On le traduit souvent par âme : c'est la part de divin en nous, c'est ce qui creuse en nous la soif de Dieu. C'est ce qui donne à notre être sa vraie personnalité.

amen
La racine hébraïque mn évoque la durée et l'engagement : fidélité, fermeté, stabilité, assurance, confiance, vérité. A la fin d'une prière, d'une doxologie ou d'un psaume, il ne signifie pas "ainsi soit-il", comme l'avait longtemps traduit la liturgie, ce qui n'exprime qu'un souhait ; il indique une adhésion ferme et volontaire : non seulement "je suis d'accord", mais "je suis prêt à m'engager à fond pour réaliser ce que propose la prière". C'est une affirmation très forte, parfois répétée pour augmenter encore sa puissance ; Jésus introduit parfois certaines affirmation par "Amen, amen je vous le dis" : il leur donne ainsi le caractère d'une proclamation solennelle.

amour
Les psalmistes découvrent au terme de leur itinéraire de prière parfois chaotique que Dieu les aime. Cet amour qui se révèle par sa tendresse qui console comme une mère, par sa fidélité à sa promesse, leur arrache des cris de joie, comme dans le ps 136-135 (grand Hallel) : "éternel est son amour", ou comme cet alléluia que nous pouvons dire machinalement sans prendre garde à ce qu'il contient d'admiration... D'une manière générale, la Bible est pleine de cette affirmation de l'amour de Dieu qui bénit l'humanité, depuis la Genèse, où malgré l'abandon de l'homme pourtant créé à son image, il lui prédit bien des déboires parce qu'il a décidé de se passer de lui mais il l'assure de sa présence et du salut... Il le redit lorsqu'il se présente à Moïse (Ex 34, 6) et l'affirme encore par la bouche du prophète Osée (lire le bouleversant chapitre 2 de ce livre...). Jésus n'apporte pas la révélation de l'amour de Dieu, mais il ajoute une seule dimension fondamentale : Dieu n'est qu'amour et il aime à la folie.

bénir, bénédiction
Un verbe courant dans la bible et notamment dans les psaumes (327 fois dans le Premier Testament et 48 fois dans le Nouveau Testament), bénédiction se trouve 71 fois dans le Premier Testament et 16 fois dans le Nouveau Testament ; on les trouve 83 fois dans les psaumes. La racine hébraïque a une connotation sexuelle et évoque une fécondité vivante ; en français, le mot vient du latin "bene dicere", qui signifie dire du bien : bénir, c'est donc inscrire une personne, une action, un objet, dans le projet de Dieu. Aucun caractère magique, notamment pour un objet : la bénédiction ne lui confère pas une puissance particulière mais engage celui qui s'en sert sur le chemin du bien ; pas de protection automatique pour qui porterait une médaille bénie ou pour une voiture bénie, pas de valeur particulière pour de l'eau bénite, pas de prérogatives exceptionnelles pour les hommes : bénir quelqu'un, c'est le doter d'une force de salut pour faire face à sa vie. Pour les juifs, la parole de bénédiction transmet la force vitale (par exemple du père face à la mort à ses enfants) ; elle est parfois accompagnée de l'imposition des mains et elle est irrévocable. C'est Dieu qui est la source de toute bénédiction car il est à l'origine de toute vie. Dans le premier récit de création, Dieu bénit l'homme et la femme pour qu'ils soient féconds et se multiplient. La bénédiction est une force divine liée à la transmission et à l'épanouissement de la vie ; elle s'adresse donc prioritairement à des êtres humains et son objectif est d'assurer leur bonheur. Les signes de la bénédiction sont une longue vie, la fécondité, la paix et la prospérité. Il est donc important que nous puissions continuer à nous bénir comme Dieu nous bénit. C'est un devoir sacré pour les parents de bénir leurs enfants ; bénir n'est pas une prérogative des clercs : c'est un don de Dieu que chacun peut et doit transmettre en vertu de son baptême.
Quand nous "bénissons le Seigneur", nous ne pouvons pas lui apporter quoi que ce soit qui l'enrichirait, mais la perspective n'est pas très différente : bénir Dieu, c'est le remercier de nous appeler dans son projet d'amour, c’est le louer et lui rendre grâce parce qu’il a créé le monde et parce qu’il est intervenu dans l’histoire des hommes avec amour et miséricorde. Ainsi Élisabeth bénit Marie qui a su accueillir en toute confiance le projet de Dieu sur elle, Syméon bénit Dieu parce qu'il a vu son salut. Jésus bénit son Père pour les pauvres et les humbles qui ont accueilli la Bonne Nouvelle.

berger
Les premiers patriarches étaient des bergers nomades. Cette image du berger a donné naissance à la perception des relations de Dieu avec son peuple. Elle est tout particulièrment évoquée dans le ps.23-22. Les responsables du peuple d'Israël, envoyés par Dieu, exercent sa fonction de berger. Mais ils seront parfois de mauvais bergers. Le Messie attendu est souvent présenté comme le Berger d’Israël, et Jésus reprend l'image à son compte : il est le vrai berger, soucieux de la brebis perdue ou des foules sans berger. Les apôtres, Pierre à leur tête, seront les bergers de son troupeau, qui est l’Église, et le synonyme pasteur est toujours employé aujourd’hui dans l'Eglise : ses activités seront pastorales, l’Église toute entière doit être pastorale.

bible
La bible est en fait une bibliothèque (en grec, ta biblia signifie les livres), qui rassemble les textes sacrés du judaïsme et du christianisme :
  • le "Premier Testament" (ce qui signifie première alliance ; appelé couramment "ancien" testament), décrit l'évolution du judaïsme : composé de 39 livres pour les juifs, auxquels les catholiques en ajoutent 7 dits "apocryphes" :
    • le Pentateuque (Torah), cinq livres de la loi attribués à Moïse (Genèse, Exode, Nombres, Lévitique, Deutéronome)
    • les prophètes "premiers" (Josué, Juges, Samuel, Rois)
    • les prophètes (Neviim) : Isaïe, Jérémie, Ezéchiel et les douze "petits" prophètes
    • les "autres écrits" (Ketouvim) : Psaumes, Job, Proverbes, livres sapientiaux (Sagesse, Sirac, Esther, Judith...) et historiques (Daniel, Macchabées, Chroniques...)
  • le "Nouveau Testament" (nouvelle alliance) comprend les 27 livres du christianisme :
    • les quatre évangiles (Matthieu, Marc, Luc, Jean) et les Actes des Apôtres
    • les lettres de saint Paul et des autres apôtres
    • l'Apocalypse
Le "canon" (liste officielle) s'est constitué lentement pour le Premier Testament (au départ la Loi et les Prophètes, terme employé pour désigner les textes sacrés ; la liste des prophètes reconnus est définitive au début du 4ème siècle av.J.C. ; les livres sapientiaux s'y sont rejoutés petit à petit et tous ne sont pas reconnus). Celui du Nouveau Testament a été constitué plus rapidement (dès le 2ème siècle) mais il a donné lieu à bien des hésitations jusqu'à l'époque moderne.
Les psaumes ont très vite été reconnus par les israélites, mais le psautier est resté fluctuant et il n'a pas fait tout de suite partie du canon.
Les chrétiens considèrent la bible comme "inspirée" : paroles d'hommes et de femmes, vie d'un peuple, sous la conduite de l'Esprit-Saint, portant la Parole de Dieu.

bréviaire
Les communautés monastiques ont placé la prière au premier plan de leurs occupations quotidiennes. Elles se rassemblaient à plusieurs reprises chaque jour pour une prière commune, où les psaumes ont toujours représenté l'essentiel, en souvenir de Jésus qui, comme tous les juifs, les priait à toutes les occasions. Cette prière de l'Eglise s'est généralisée à tous les ministres ordonnés, aux religieux et religieuses, même isolés : l'ensemble des heures de prière était rassemblé dans un livre, appelé bréviaire (actuellement appelé "liturgie des heures" ou "prière du temps présent" et proposé à tous les chrétiens qui le souhaitent). Le concile Vatican II en a simplifié l'organisation, mais cette organisation n'est pas passée dans les faits, notamment dans les monastères. Les heures ont été assouplies en pensant à l'emploi du temps des personnes qui vivent dans le monde : laudes (prière du matin, au lever), prière du milieu du jour (toujours partagée en trois dans les monastères : tierce, sexte, none), office des lectures (prière de méditation, avec des textes des Pères de l'Eglise, au moment le plus propice de la journée), vêpres (en fin d'après-midi), complies (au moment du coucher). Chaque office comprend hymne, psaumes et cantiques, lecture biblique, prière.

diacre
Un mot qui n'a pas beaucoup de rapport avec les psaumes... mais l'auteur de ce site se présente comme diacre permanent, et bien des gens se posent la question : c'est quoi, un diacre ? On sait assez bien ce qu'est un prêtre (même si bien souvent ça tient de la caricature...), le diaconat est une institution qui date de la primitive Eglise mais qui, sans disparaître complètement, passait inaperçu jusqu'au Concile Vatican II qui a décidé de lui redonner une place.
Ce n'est pas le but de ce site d'entrer dans le détail, mais voici quelques indications :
  • la première impulsion qui donnera naissance aux diacres est une crise de l'Eglise naissance (Ac 6) : les "Sept", dont Etienne et Philippe, choisis par les apôtres pour les seconder, officiellement pour le service des tables, sont les premiers exemples de ministère nouveau au service de l'Eglise.
  • les apôtres et leurs successeurs ont donné naissance au ministère de l'évêque (episcopos = celui qui veille sur, ici l'Eglise qui lui est confiée)
  • dès l'époque des lettres pastorales attribuées à Paul (1ère lettre à Timothée), il existe un groupe de diacres chargé d'assister l'évêque dans son ministère ; il n'y a pas encore de prêtres au sens actuel du terme : parfois, un collège d'anciens (en grec presbyteros) assiste l'évêque, sans attributions précises.
  • petit à petit, les diocèses s'organisent, avec un évêque assisté de diacres et de prêtres ; ce sont les diacres qui le représentent sur le terrain et souvent c'est l'un d'eux qui lui succède.
  • vers le 4ème siècle, le ministère évolue : la célébration eucharistique prend plus d'importance, ce sont les anciens qui en sont chargés et ils sont assimilés aux prêtres sacrificateurs juifs. Le diaconat décline parallèlement puisque la représentation de l'évêque commence à lui échapper.
  • dès le haut moyen-âge, se met en place l'organisation que nous avons connue pendant des siècles, avec une progression linéaire qui culmine dans l'épiscopat, considéré comme un point d'aboutissement ; le diaconat n'est plus qu'une étape vers le sacerdoce et les évêques sont des prêtres qui sont "montés en grade".
  • Vatican II a voulu revenir à l'intuition de l'Eglise primitive, avec une organisation liée aux besoins du monde moderne : des évêques, successeurs des apôtres, assistés de deux types de ministres : des prêtres qui rassemblent en leur nom le peuple de Dieu pour célébrer les sacrements, enseigner et faire vivre le service, et des diacres, chargés d'animer en son nom des services dans et hors de l'Eglise. Les diacres ont pour mission de rappeler à l'Eglise qu'elle est toute entière appelée à être servante.
  • le diocèse de Strasbourg compte actuellement (2011) 78 diacres, dont les missions sont très diverses (aumôniers d'hôpital ou de prison, engagés auprès des diverses formes de pauvreté). Le webmaster de ce site fait partie du service diocésain de pastorale des Familles, qui est dirigé par un autre diacre.
  • pour en savoir plus sur le diaconat en France, suivez ce lien...

Dieu
Suivant les époques, les lieux et les traditions, les juifs avaient différents mots pour nommer Dieu :
  • le nom commun El (au pluriel comme nom propre : Elohim) signifie simplement dieu (Dieu)
  • le tétragramme sacré YHVH révélé à Moïse, imprononçable depuis l'exil à Babylone, est remplacé la plupart du temps par Adonaï (Seigneur), notamment à l'occasion des proclamations liturgiques et de la prière des psaumes
  • Adonaï (Seigneur, en grec Kyrios) est devenu le nom le plus courant et le plus noble pour s'adresser à Dieu
  • Shaddaï (littéralement le montagnard) : Dieu se rencontre souvent sur les montagnes (comme le Sinaï) ; habituellement traduit par Puissant
  • Sabaoth : Dieu des armées, Dieu qui agit parmi les hommes avec puissance
  • Elyôn (El Elyôn) : le Très-Haut, Dieu transcendant, Dieu du ciel.
Le psaume 91-90 s'ouvre sur quatre de ces noms de Dieu :
Quand je me tiens sous l'abri du Très-Haut (Elyôn) et repose à l'ombre du Puissant (Shaddaï),
je dis au Seigneur (YHVH Adonaï) : « Mon refuge, mon rempart, mon Dieu (Elohim), dont je suis sûr ! »


doxologie
Du grec doxa (gloire, louange) et logos (parole) : littéralement parole de louange, à la gloire de Dieu ; en hébreu "kabod" (évoque la lourdeur, le poids, et donc la valeur, la force, l'honneur, la réputation, le mérite). La doxologie est la finale de certains psaumes et des 5 livres qui composent le psautier. Dans la prière chrétienne, c'est un hommage au Dieu-Trinité : chaque psaume se termine par une doxologie (Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit, au Dieu qui est, qui était et qui vient pour les siècles des siècles. Amen) qui donne une note chrétienne au psaume. Dans la liturgie, la plupart des prières se terminent par une doxologie trinitaire à laquelle l'assemblée s'associe par Amen ; ainsi la prière eucharistique se termine par une doxologie développée : "Par Lui, avec Lui et en Lui...", souvent conclue par un triple amen.

fidélité
La fidélité de Dieu à sa promesse est un thème majeur des psaumes : soit pour s'en réjouir, soit pour constater qu'il semble y manquer et pour le lui reprocher. C'est en effet un des éléments de sa présentation à Moïse (Ex 34, 6) : "Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d'amour et de fidélité". Elle se manifeste par le don de son amour : les justes doivent pouvoir en bénéficier sans entrave, et le problème du mal se pose alors avec acuité : pourquoi certains justes peuvent-ils être accablés par la maladie, la pauvreté, le malheur ? C'est le ressort du livre de Job, qui ne comprend pas, se révolte, demande des explications, mais veut rester fidèle à Dieu même si celui-ci ne semble pas l'être resté. C'est d'autant plus inacceptable que Dieu demande à l'homme de lui être fidèle, en réponse à son amour : comment rester fidèle à un Dieu qui ne semble plus l'être ? C'est la question de psalmistes qui ne comprennent pas ce qui arrive : "une chose me fait mal : la droite du Très-Haut a changé" (ps.77-76, 11). La plupart du temps, le psalmiste fait le choix de la fidélité, acceptant que Dieu soit fidèle à sa promesse, sans comprendre comment : bel acte de foi !

figuier
Le figuier est un élément important de l'économie israélite. C'est un arbre facile à cultiver, qui se ressème et vient tout seul au bord des chemins : il est donc considéré comme un don de Dieu. Il est devenu un symbole de la sagesse : être sous le figuier, c'est vivre à l'ombre de la sagesse de Dieu, s'en laisser imprégner (c'est le cas de Nathanaël, au début de l'évangile de Jean, quand Jésus appelle ses premiers disciples) ; un figuier qui ne donne pas de fruit, c'est une sagesse inefficace : c'est une image souvent employée (notamment par Jésus) pour évoquer le peuple juif qui se détourne de Dieu. Il est peu présent dans les psaumes, à part ps.105-104, 33, qui est significatif : pour frapper Israël, Dieu détruit la vigne et le figuier.

grâce
Un mot qui paraît vieillot parce que sa signification profonde nous échappe. Il donne l'impression que le bonheur dépendrait d'un caprice de Dieu : il l'offre à qui il veut, en fonction des mérites ou de sa fantaisie, il faudrait accepter de ne pas le connaître dans ce monde pour en jouir dans l'autre... Certains ont cherché toute leur vie une grâce qui semblait obstinément les fuir, d'autres, notoirement incroyants, semblent incompréhensiblement en avoir été comblés. Impression combien fausse !La réussite personnelle ou sociale, le bonheur terrestre ou la considération des hommes n'ont pas grand-chose à voir avec la grâce de Dieu ! C'est un cadeau de Dieu qu'il offre largement à tous, sans distinction, sans préférences : mais il attend en l'homme un terreau favorable où elle puisse germer. Marie en est l'exemple : l'immaculée conception n'est pas une offre de pureté pour pallier l'indignité humaine, mais un affranchissement de la fragilité humaine qui nous pousse à prêter l'oreille au mal et à refuser Dieu. La prière est un moyen de rendre la grâce de Dieu féconde en nous, de nous ouvrir à lui sans restrictions. La grâce de Dieu offre à l'homme tout ce qu'il ne peut pas trouver en lui. Dieu est grâce, cadeau offert à l'humanité ; c'est d'ailleurs le sens du prénom Jean, en hébreu Yo-hanan = Dieu fait grâce : Dieu se donne.

holocauste
(voir sacrifice)

hymne
L'hymne est un chant de louange : on en trouve beaucoup dans la bible et tout particulièrement dans les psaumes comme le psaume 8 : "O seigneur notre Dieu, qu'il est grand ton Nom par toute la terre !", expression d'admiraton devant la puissance de Dieu. On trouve aussi des passages hymniques dans les supplications et les actions de grâce ; le cantique "des trois enfants" (Dn 3) en est aussi un bel exemple, mais aussi le Magnificat chanté par Marie et même hors bible, le cantique des créatures de François d'Assise, ou le poème "Automne" sur ce site...

juste, justice
L'allusion au "juste" et à la "justice" est très fréquente dans les psaumes : 523 citations dans le Premier Testament dont 139 dans les Psaumes. Ils n'ont pas la même signification que pour nous : spontanément, nous pensons à l’appareil judiciaire, aux codes de lois et à la répression, ce qui mène à des contresens. Dans la bible, la justice inclut cette perspective mais elle va beaucoup plus loin. Parler de la justice de Dieu ne signifie pas qu'il récompensera les bons et punira les méchants, c'est dire qu'il a donné un ordre pour la création qu'il fait exister, et qu'il appelle l'homme à entrer dans ce projet ; la justice de Dieu est avant tout proposition de salut et de libération : "Le Seigneur est juste en toutes ses voies" (Ps 145,17), "Il aime le bon droit et la justice ; la terre est remplie de son amour" (Ps 33,5), "Il vient pour gouverner le monde avec justice" (Ps 98,9).
L'homme est associé à la création. Il est invité à promouvoir la justice sociale. Seul "celui qui agit avec justice" (Ps 15,2) pourra habiter la montagne sainte du Temple de Dieu. Il se révèle fidèle à sa parole, respectueux du prochain, soucieux du pauvre. Le Ps 112 fait l’éloge du juste : "A pleines mains il donne au pauvre". C'est donc aussi une attitude religieuse, dans l’alliance avec Dieu.

lévites
Lors de l'entrée en Terre Promise, la tribu de Lévi ne se voit pas attribuer de part de territoire, mais la responsabilité du service de la Tente de l'Arche d'Alliance et du sacerdoce. Lors de l'instauration de la royauté, le sacerdoce est réorganisé pour éliminer des opposants notoires et dangereux. Ainsi se crée un groupe sacerdotal héréditaire et un groupe subalterne, les lévites, héritiers de la tribu de Lévi d'autrefois, chargés à partir de Salomon du service du temple de Jérusalem ; ils étaient donc en particulier chargé de l'orgaisation des célébrations et des sacrifices, ainsi que de leur animation. Lorsque, au cours des siècles, l'hébreu cesse d'être la langue parlée au détriment de l'araméen, les prêtres lisent les textes sacrés en hébreu, puis les lévites les lisent en araméen et donnent des commentaires (voir par exemple les livres d'Esdras et de Néhémie, datant du retour d'exil). Pour la pratique communautaire des psaumes, ils sont là pour initier le chant que l'assemblée reprend ou amplifie.

louange
C'est le nom générique donné aux psaumes en hébreu. Toute prière est considérée comme louange, même les appels au secours ou les cris de révolte, parce qu'ils s'adressent à Dieu avec confiance et le prennent au sérieux.
(voir aussi hymnes)

malédiction
On a prétendu que le monde des psaumes était un monde barbare et brutal et que malédictions et imprécations étaient le lot de cette prière brutale qui voudrait bien voir ses ennemis fracassés sur les rochers. Comme d'habitude, c'est de l'exagération plus ou moins malveillante. Personne ne niera que de telles malédictions existent, affirmer qu'elles représentent la totalité est parfaitement malhonnête. Qui d'entre nous, affronté à la méchanceté, à des attaques malveillantes, n'a pas eu envie de réagir violemment ? Le psalmiste n'a jamais envie de maudire pour se venger, mais parce qu'en l'humiliant, c'est Dieu lui-même qu'on attaque, et c'est ça qu'il ne supporte pas. C'est le même comportement que Jacques et Jean proposant à Jésus d'envoyer le feu du ciel sur une ville de Samarie qui avait refusé de les accueillir : ça ne les a pas empêché de devenir des saints... Les psalmistes sont très préoccupés de la grandeur de Dieu : s'il est attaqué, ils se sentent obligés de le défendre ; réaction maladroite mais compréhensible.

montées (Psaumes des)
Groupe de psaumes parfois appelés "psaumes graduels", du 120 au 134. Ils sont tous introduits par les mots "psaumes des montées", ils sont assez courts et comportent des éléments en refrain pour rythmer la marche ; ils semblent avoir la même origine : ils étaient chantés par les pèlerins qui se rendaient aux fêtes de pèlerinage à Jérusalem (Pâque, Pentecôte, Tentes), où il fallait "monter" vers la ville sainte qui est sur un plateau en altitude.
Mais ils associent le pèlerinage au retour de l’exil de Babylone, vécu comme une remontée des profondeurs de l’abîme. Ces psaumes témoignent d'une grande profondeur spirituelle qui culmine dans le ps.130-129 ("De profundis"), magnifique chant d'espérance.

olivier
L'olivier est un arbre puissant symbole de force et d'éternité : il peut vivre très longtemps et il est quasiment indestructible : même brûlée, sa souche peut encore mettre des rejets. L'olive sert à la fabrication de l'huile, qui a de multiples utilisations dans la vie courante (notamment remèdes, combustible pour les lampes) et une grande importance économique. Elle est symbole de fête et de joie, et la puissance de l'olivier donne à l'onction d'huile sa force symbolique de consécration de ceux qui ont une responsabilité importante (rois, prêtres). Il devient aussi symbole de la paix, don de Dieu. Dans les psaumes, il sert, avec la vigne, à symboliser la beauté, la force et l'assurance : le ps.127 en est un exemple bien connu : "Ta femme sera dans ta maison comme une vigne généreuse, et tes fils, autour de la table, comme des plants d'olivier".

peuple
Très fréquent dans la Bible et dans les psaumes, le mot peuple désigne dans la bible des réalités différentes exprimées de plusieurs façons.
Le mot "am" (racine qui signifie "comprendre, inclure") veut surtout évoque le peuple d'Israël, appelé par Dieu, conduit par Moïse hors d'Egypte et constitué comme peuple de Dieu, avec qui Dieu a fait une allinace d'amour, alliance renouée tant de fois à la suite des infidélités du peuple. C'est déjà lui qui est présent dans le nom d'Abram (Abraham) : ab-am veut dire "père d'un peuple", humour divin pour un pauvre homme qui ne parvient pas à avoir d'enfants et à qui Dieu en promet, plus nombreux que les étoiles...
Le mot goy est davantage réservé aux nations étrangères. La vocation d'Israël ne l'isole pas des nations mais en fait un témoin devant elles. Les psaumes évoquent le jour tant espéré où "les nations batteront des mains et acclamameront Dieu en cris de joie" (ps 47-46, 67-66, 72-71)

prophète
Le prophétisme est apparu très tôt en Israël. Moïse est le premier à être considéré comme tel, mais sans doute à une époque postérieure où le prophétisme apparaît comme une sorte de contre-pouvoir pour contrôler les déviances du pouvoir royal souvent mécréant et du pouvoir sacerdotal attaché à ses bénéfices.
Historiquement, Elie et Elisée sont les deux premiers à être effectivement appelés de ce nom : Elie, originaire d'Israël (nord du royaume), n'a pas laissé d'écrits, mais il a joué un grand rôle politico-religieux et a laissé une trace profonde dans la mémoire du peuple ; il est le champion de la lutte entre l’adoration du vrai Dieu et celle des Baals, son nom signifie d'ailleurs : "YHVH est Dieu" (Elyahou). L'ignorance de la localisation de son tombeau a conduit à des traditions d'assomption (Elie enlevé sur un char de feu) et à une attente de son retour, que le nouveau testament identifiera au ministère de Jean-Baptiste.
Les prophètes ne sont pas évoqués dans les psaumes, mais les recherches et les attentes des psalmistes s'apparentent aux leurs. Le prophète, appelé personnellement par Dieu, pouvait se présenter devant le peuple comme celui qui s’était tenu devant Dieu. Sans avoir de mission officielle, les psalmistes s'inscrivent à la fois dans ce courant et dans celui de la prière.

psaumes
On peut se demander ce qui différencie les psaumes de la prière "ordinaire". En fait assez peu de chose :
  • les psaumes sont au départ pour la plupart la prière d'hommes et de femmes confrontés aux difficultés ou aux joies de la vie
  • mais ces prières ont été reprises par un peuple de croyants qui se les est approprié et les a regroupé dans une bibliothèque pour un usage communautaire, les a parfois versifiés et mis en musique.
  • de plus, leur insertion dans la bible en fait une prière offerte aux hommes par Dieu lui-même, une prière où Dieu se reconnaît : une parole d'hommes qui porte une parole de Dieu. Jésus, et après lui l'Eglise, en a fait sa prière.
  • nos prières ont la même spontanéité ; parfois elles sont reprises par d'autres, parfois nous les oublions nous-mêmes ; parfois elles peuvent aider d'autres à prier. Nous les considérons sans prétention mais Dieu les écoute de la même manière.
Le mot "psaume" vient du grec psalterion qui évoque un instrument de musique ; la racine hébraïque comporte les idées de couper, tailler la vigne, parler en rythme, danser, chanter…

parole
Le mot hébreu dabar (2584 citations dans la bible dont 127 dans les psaumes ; en grec logos) est fondamental dans les psaumes et dans toute la Bible. Il nous dit que la Parole n'est pas un simple discours qui s'envole au vent, mais un événement, une action. Ainsi, dans la Création, Dieu parle et sa parole agit ; elle est efficace, elle réalise ce qu'elle dit. De même il proclame au Sinaï dix paroles qui ne sont pas des ordres, des commandements, mais des chemins de vie.
A travers toute la bible, Dieu parle et il a toujours l'initiative. Sa parole est fondatrice d'un peuple et de toutes les relations entre ce peuple et lui. Dans le nouveau testament, Jésus est "la Parole" par excellence, depuis toujours Dieu auprès de Dieu : "Au commencement était le Verbe" (Jn, 1, 1) fait écho à "Au commencement Dieu créa les cieux et la terre" (Gn 1, 1). La Parole de Dieu est toujours avec nous, elle oriente notre propre parole vers Dieu.

roi
Une réalité très présente dans la bible : au départ, le peuple n'a pas d'autre chef que Dieu lui-même, mais la contagion des peuples voisins le conduit à demander à Samuel d'être comme les autres. Samuel se résout à consacrer Saül puis David comme roi. La royauté perdurera à Jérusalem jusqu'en 585 avant J.C., date de la prise de la ville par Nabuchodonosor, avec des fortunes diverses. Les saints ont succédé aux impies, les impies aux saints, les psaumes demandent de protéger les uns et de convertir les autres : ainsi sont nés les psaumes "royaux". Après l'exil, les israélites comprennent que la vraie royauté est celle de Dieu.

sacrifice
Le peuple d'Israël, comme tous les peuples, offrait à son Dieu des sacrifices d'animaux. Dans certains sacrifices, une partie seulement est brûlée et le reste est consommé par les prêtres et parfois par les fidèles dans un repas sacré qui les met en relation avec Dieu. Contrairement à d'autres religions la Bible a toujours refusé les sacrifices humains, mais des sacrifices d'enfants étaient courants en Canaan et ont été pratiqués par contagion en Israël : c'est en réaction à ces pratiques qu'on trouve dans la Genèse la tradition du "sacrifice" d'Isaac et la substitution par des victimes animales, codifiée par exemple dans le sacrifice de l'agneau pascal et des offrandes exigées pour le rachat des premiers-nés. Dans le cas de l'holocauste, la victime est entièrement consumée en signe de don total à Dieu (le nom vient d'un mot grec qui signifie "brûler entièrement").
Le sacrifice veut exprimer le don généreux au Seigneur de ce qu'on a de meilleur pour le remercier, obtenir son aide ou son pardon. D'abord pratiqué par le père de famille ou le roi, il est ensuite exclusivement réservé aux prêtres dans le seul Temple de Jérusalem. Sa destruction définitive en 70 après J.C. marque la fin des sacrifices israélites, dont les prophètes ont souvent dénoncé les déviances.
Dans la nouvelle alliance en Jésus Christ, il n'y a pas d'autre sacrifice que l'unique sacrifice de Jésus actualisé toujours et partout dans l'Eucharistie.

saint
Nous avons de la sainteté une idée restrictive et assez fausse : comme une récompense pour enfants sages donnée après la mort à ceux qui l'auront méritée. C'est une conséquence malheureuse de notre croyance pas bien comprise en la résurrection. Les psalmistes ne croyaient pas en la possibilité d'une vie après la mort : cette idée est née tardivement (vers le 2ème siècle av.JC.) ; on pensait alors ne pouvoir être avec Dieu que pendant la vie terrestre, d'où l'idée que la fidélité méritait le bonheur sur cette terre. Les morts subsistaient après leur mort dans une existance diminuée, dépersonnalisée et coupée de Dieu (le shéol). Pour les psalmises, Dieu seul est saint, mais ceux qui lui sont fidèles participent à sa sainteté, non en fonction de leurs mérites mais par grâce. La résurrection de Jésus a changé la croyance : la vie se transfigure après la mort ; le débat a été long et vif : le salut est-il donné par la grâce ou par les œuvres ? Il a donné lieu à d'âpres controverse au moment de la Réforme protestante ; les théologiens sont parvenus récemment à s'entendre : le salut est donné gratuitement par Dieu, c'est un fruit de la grâce, nos œuvres sont le signe que nous l'acceptons mais elles ne nous donnent aucun mérite. Ceux que nous appelons les "saints" ne sont pas des parfaits, des exemples ou des modèles : être saint, c'est accepter de participer à la sainteté de Dieu, c'est accepter la sainteté que Dieu nous offre. C'était la perspective des psalmistes, exigeante pour eux... et pour Dieu.

sauver
Une préoccupation permanente de la bible : l'homme a conscience de sa fragilité, il appelle Dieu au secours et dès les premiers instants de l'humanité, Dieu annonce qu'il se veut sauveur. La racine hébraïque yasha est présente dans bien des noms propres de la bible, à commencer par Jésus (Yéshoua = le Seigneur sauve), mais aussi Josué, Osée, Isaïe, Josias. L'acclamation hosanna est apparentée (c'est un des mots non traduits par la liturgie) : elle signifie "que Dieu sauve". Le sens du verbe évoque l'élargissement : être spacieux, large, vaste. C'est le contraire de la racine tsr (étroitesse, oppression, angoisse) qui a donné par exemple Mitsraïm, terre d’oppression qui sert à désigner l'Egypte. C'est évidemment une demande largement présente dans les psaumes, salut par rapport aux agressions de la vie ou aux assauts du mal. Le salut est signe de la victoire obtenue grâce à Dieu, de la reconstruction et du rassemblement. Le nouveau testament y ajoute le pardon, la libération du mal, la rédemption.

Sion
Plusieurs psaumes ont pour thème "Sion" : nom cananéen donné à la forteresse de Jérusalem, cité des Jébusites avant la prise de la ville par David, sur le piton rocheux entre les torrents du Cédron et du Tyropéon. Étendu ensuite à toute la ville, il désigne surtout le mont du Temple construit par le roi Salomon, détruit une première fois en 585 av.J.C. et définitivement en 70 ; il n'en reste que l'énorme mur de soutènement, appelé Mur des lamentations. Au centre du culte, le temple est la lieu de la présence de Dieu et Jérusalem en devient le symbole, d'où les cantiques de Sion qu'on retrouve parmi les psaumes. La fille de Sion devient ainsi le symbole du peuple de Dieu et dans l'Apocalypse, Sion sera la Jérusalem céleste qui descend du ciel.

souffle
(voir aussi âme)
C'est le souffle de Dieu qui anime l'homme, mais ce souffle se manifeste dans la bible dans bien des circonstances. Il fait évidemment penser au vent de la Pentecôte et à la manifestation de l'Esprit, mais aussi au souffle de Dieu qui survole l'abîme de la création : en hébreu, le mot ruah qui évoque à la fois la légèreté et la respiration ; il est traduit en grec par pneuma (qu'on retrouve en français : pneumatique, pneumonie) et en latin par spiritus qui donne en français esprit. Il est une expression de la volonté et des émotions, vent qui soulève la poussière, emporte la paille, souffle de l’ouragan, de la tempête, souffle bienfaisant qui accompagne la pluie, vent qui "souffle où il veut".
Les isréalites étaient conscients de la fragilité de la vie humaine qui n'est qu'un souffle, précieux et fragile, alimenté au souffle de Dieu. C’est dans ce souffle que se forment les projets et les décisions de l’homme, c’est la source du courage. Confier et remettre son souffle à Dieu, c’est abandonner sa vie entre les mains de Dieu : "En tes mains, Seigneur, je remets mon esprit !" (ps 31,6). En Dieu lui-même, le souffle est le mystère de sainteté : dès les psaumes, c'est la marque de l'action de l’Esprit Saint.

supplication
Supplier, c'est prier d’une manière très humble et très pressante, demander instamment. C'est la situation de celui qui éprouve un besoin impérieux, qui est écrasé par l'épreuve, mais aussi de celui qui doute, sinon craint de ne pas être entendu et qui insiste dans une humilité qui ne peut tromper Dieu. C'est une situation compréhensible dans des situations pénibles et fréquente dans les psaumes. Mais c'est une prière ambiguë : certes, nous ne sommes rien face à Dieu, nous ne pouvons ni revendiquer ni mériter son aide ; certes, Jésus nous invite à ne pas nous décourager et à prier avec insistance. Mais Dieu nous promet son aide et son pardon : supplier peut révéler un manque de confiance. Les psaumes ne montrent pas de supplication pleurnicharde, avec surenchère d'humilité : ils demandent de manière pressante mais le plus souvent confiante ; ce sont des cris de révolte qui parfois mettent Dieu en accusation, ou des appels au secours, la plupart du temps convaincus que Dieu agit et qui le mettent en demeure d'être fidèle à lui-même. Ce sont des prières qui prennent Dieu au sérieux et si le croyant se prosterne, ce n'est ni une attitude d'humiliation ni de flagornerie, c'est une illustration de sa fragilité avec l'assurance que Dieu relève. La plupart du temps, les psaumes expriment l'espérance et débouchent dans la lumière (exception faite du psaume 88-87, très noir et littéralement désespéré).

tendresse
Les israélites avaient quatre mots pour désigner Dieu, exprimés dans Ex 34, 6 par Dieu lui-même qui se présente à Moïse "Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d'amour et de fidélité" ; démenti cinglant aux experts ignorants de la bible qui caricaturent le Premier Testament comme domaine du Dieu vengeur, méchant sinon dangereux par opposition au Nouveau Testament où Jésus révèle un Dieu d'amour... Les mots "tendre et miséricordieux" évoquent l'amour débordant de Dieu, avec une tendance masculine (en hébreu hesed, qui évoque la fidélité, la loyauté) et une tendance féminine (en hébreu rahamim, qui évoque l'amour tendre d'une mère pour l'enfant qu'elle a porté). Ces mots sont particulièrement fréquents dans les psaumes (la moitié des emplois de tout le Premier Testament). Le refrain très connu du psaume 136-135 (grand Hallel) : "Car éternel est son amour !" célèbre cette tendresse de Dieu, créateur et libérateur. Cet amour de Dieu qui nous est offert doit déborder de nous en direction des autres, par des gestes concrets d'assistance et de solidarité en leur faveur : la tendresse de Dieu attend la réponse de l'homme. L'amoureux de Dieu est un hassid, un fidèle qui a fait l'expérience de l'amour de Dieu (hesed) est qui y répond.

vigne
Elément essentiel de l’agriculture israélite, elle joue un rôle important dans la nourriture quotidienne. Le vin est symbole de fête mais son excès est nuisible ; il est aussi employé comme désinfectant (voir la parabole du "bon samaritain" dans l'évangile). D'après la tradition, Noé a été le premier vigneron, aussitôt après le déluge, et la première victime de sa découverte dont il semble avoir abusé sans méfiance. Le peuple choisi par Dieu est symbolisé par la vigne du Seigneur., que Dieu a soignée avec amour, mais qui a donné du mauvais vin, de la piquette et du verjus. Aussi cette vigne qui couvrait les cèdres géants et étendait ses rameaux jusqu'à la mer a-t-elle été dévastée : c'est la sujet du psaume 80-79, prise de conscience déchirante sans doute pendant ou après l'exil à Babylone. Jésus s'est réapproprié cette image (parabole des vignerons meurtriers, des ouvriers envoyés travailler à la vigne, comparaisons entre lui et la vigne). Au dernier repas, ce sont le pain et le vin, fruit de la vigne, qui deviennent signe par excellence du Salut.